Ce que j’ai appris de la gestion du diabète de type 2 pendant ma grossesse
Prévoir fonder une famille est une étape importante dans la vie de toute personne, qu’elle soit diabétique ou non. Cependant, lorsqu’une personne est atteinte de diabète, des précautions supplémentaires sont nécessaires lors de la planification d’une grossesse. Ces précautions peuvent comprendre le fait d’être prête à prendre de l’insuline et la surveillance à plus haute fréquence de la glycémie pour assurer une grossesse sécuritaire et préserver la santé de l’enfant. Ce qui n’est pas toujours utile pour préparer les personnes à gérer le diabète pendant la grossesse, c’est de se concentrer sur les événements indésirables qui peuvent survenir.
Erin Lebar, une résidente de Winnipeg, au Manitoba, qui, au moment de la publication de cet article, venait d’accueillir un nouveau-né, vous fait part de son expérience en matière de gestion du diabète de type 2, de ce qu’elle a fait pour planifier sa grossesse et de ses inquiétudes par rapport à l’alarmisme à ce sujet.
BT2 : Bonjour Erin, quand avez-vous reçu un diagnostic de diabète de type 2? Quels renseignements avez-vous reçus au moment de votre diagnostic?
Erin : Mon diagnostic remonte à juin 2020. Mon père est diabétique de type 1 et j’ai beaucoup de diabète dans ma famille. Mais malgré la connaissance des signes et des symptômes, je pense que je vivais des choses depuis près d’un an avant cela, comme des infections urinaires invalidantes. Puis, j’ai eu des infections à levures récurrentes pendant la première partie de 2020, j’étais incroyablement fatiguée et je tombais de sommeil à 17 heures après le travail.
Mais c’était également pendant la pandémie, alors j’ai pensé que cela avait une incidence sur mon bien-être. Mon médecin a effectué une analyse sanguine; mon taux d’HbA1c était de 9,9 % et nous avons su que j’étais diabétique. J’ai commencé à prendre de la metformine cette semaine-là.
Quels changements avez-vous dû apporter pour commencer à prendre en charge efficacement le diabète? Avez-vous reçu du soutien?
Je suis très active et je mange bien. Je joue au soccer et à plein d’autres sports, alors mon médecin m’a dit que je n’avais pas besoin de changer grand-chose.
Elle m’a recommandé de surveiller mes portions et mes glucides. C’était bien de recevoir ces renseignements, car lorsque j’ai reçu mon diagnostic, je croyais que tout devait changer, que je ne pourrais plus manger de choses comme des fruits ou du pain. Au début, j’avais une mentalité « tout ou rien ». Mais mon médecin m’a aidé à me rendre compte que ce n’était pas obligatoire.
Mon père est atteint de diabète de type 1 (DT1), un diagnostic d’apparition tardive dans la mi-trentaine, appelé LADA. Il n’était pas content que je sois malade aussi, mais il est mon « diapote ». C’est la première personne que j’ai appelée. Il m’a emmené à la pharmacie pour obtenir des choses que je pourrais faire immédiatement pour contrôler ma glycémie jusqu’à ce que je puisse obtenir mes ordonnances et mon glucomètre.
Il a été une excellente ressource. Nous gérons les choses de façons différentes, mais c’est bien d’avoir quelqu’un qui comprend l’épuisement mental lié au fait de composer avec cela tous les jours.
Quand avez-vous commencé à planifier votre grossesse? Quelles mesures avez-vous prises avec votre équipe soignante?
C’était ma seule grande condition avec mon partenaire. Je ne voulais pas qu’il s’agisse d’une grossesse surprise, car je voulais être en aussi bonne santé que possible, sachant qu’il y avait un risque accru de différentes complications. Nous avions donc décidé de commencer à essayer officiellement vers l’automne dernier.
J’ai pris un rendez-vous avec mon médecin de famille et mon endocrinologue pour effectuer toutes mes analyses de sang et m’assurer qu’ils s’accordent sur le fait qu’il était sécuritaire pour nous d’essayer. Mon taux d’HbA1c était de 6,1 %, alors nous avons reçu le feu vert. Cependant, j’ai 34 ans, et on m’a dit de les rappeler si je ne tombais pas enceinte dans les six mois, pour qu’ils m’envoient faire un test de fertilité comme pour toute grossesse plus tardive.
Mais nous avons eu la chance de pouvoir concevoir en moins de trois mois, et j’ai obtenu un résultat positif la veille du Nouvel An. Ensuite, j’ai pu rencontrer mon endocrinologue en moins d’une semaine, puis mon médecin de famille en moins de deux semaines.
Avez-vous dû prendre des médicaments pour gérer votre glycémie?
J’ai dû prendre de l’insuline. Ce n’était pas une surprise, car mon médecin m’avait dit qu’il était très probable qu’on me prescrive de l’insuline. Elle m’a même parlé de m’en prescrire un peu plus tôt pour que je puisse m’habituer à prendre et à m’administrer le médicament juste au cas où j’aurais eu un premier trimestre difficile. Elle m’a dit que je ne voulais pas apprendre à prendre le traitement pendant que je vomissais tout le temps.
J’ai tout de même commencé à la prendre à cinq semaines de grossesse. La façon dont elle l’a expliqué, c’est que, même si je gérais mon diabète avec la metformine et que je surveillais mon apport en glucides, le bébé avait besoin de plus de glucides pour se développer correctement. La seule façon pour moi d’ingérer les glucides dont j’avais besoin et de gérer ma glycémie était d’utiliser de l’insuline.
J’ai pris de la metformine pendant les 16 premières semaines, puis je n’ai pris que de l’insuline.
Quels outils, mis à part l’insuline, avez-vous utilisés pour vous assurer d’avoir une grossesse sécuritaire?
J’ai le dispositif de surveillance continue de la glycémie (SCG) de Dexcom, mais je ne peux l’utiliser que pendant la grossesse, car notre assurance, ou du moins celle que mon mari a, ne couvrira que le diabète insulinodépendant. Dès que je ne prends plus d’insuline, il n’est plus couvert et il coûte beaucoup trop cher pour que je continue de l’utiliser.
J’ai donc accumulé des capteurs qui vont me tenir jusqu’à la fin du mois de novembre, probablement, et à ce moment, j’ai le sentiment que ça devrait m’aller de recommencer à me piquer le doigt. Ça a été formidable d’avoir cet appareil pendant la grossesse.
Au début, je me suis dit que je serais une maniaque de la vérification et je ne savais pas si cela serait bon pour ma santé mentale. Mais j’ai relâché cette anxiété et j’ai accepté d’avoir cette information, surtout pour ce qui est de la glycémie nocturne, car les jeûnes étaient un gros problème pour moi.
Le fait d’avoir cette information sur ce qui se passe pendant la nuit a changé la vie des gens. Il s’agit d’un outil extraordinaire.
La peur est déjà un problème dans la façon dont le diabète de type 2 est généralement abordé. Pouvez-vous décrire les renseignements effrayants que vous avez vus?
J’ai vu beaucoup de renseignements de ce genre. Certains des renseignements que j’ai vus mentionnaient que j’allais avoir un bébé énorme et que j’allais avoir un risque beaucoup plus élevé de mort-né ou de prééclampsie.
Certaines sources en parlaient comme si c’était sûr que ça allait vous arriver, juste parce que vous avez une grossesse diabétique. Mon sentiment, c’était « oh mon Dieu, c’est terrifiant ».
Parmi les autres renseignements mentionnés, il y avait la surveillance rigoureuse de votre glycémie à un point qui confinait presque selon moi aux troubles alimentaires. C’était tellement intense et si effrayant. J’ai la chance d’avoir une autre amie qui est atteinte de diabète de type 1 et qui était enceinte juste avant moi, alors je lui ai beaucoup parlé de ces expériences.
Il n’y a pas eu beaucoup d’exemples de grossesse sans complication, ce qui a pourtant été mon cas.
Avez-vous discuté de ce type d’information avec votre équipe soignante?
Oui en effet, et ils m’ont dit que oui, certaines de ces choses pouvaient se produire et qu’il était bon de savoir qu’elles pouvaient se produire, mais que comme j’étais très consciencieuse dans la gestion de ma glycémie, cela ne les préoccupait pas.
Il était important d’entendre mon équipe médicale, qui a mis au monde beaucoup plus de bébés que moi, dire que ça ne la préoccupait pas, que tout allait bien et qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Toutefois, même si j’ai un pic ou que je n’ai pas pris mon insuline correctement et que je reste à un niveau élevé pendant quelques heures, je me dis toujours : « Mon Dieu, est-ce que je fais du mal à ce bébé? Est-ce que je fais du mauvais travail? ». L’anxiété est déjà présente, naturellement.
J’ai la chance d’avoir une équipe soignante très disponible. J’ai eu au moins un rendez-vous avec les trois médecins au cours des quatre ou cinq premiers mois, puis au cours des deux derniers mois, j’ai eu des rendez-vous toutes les semaines. Ils sont donc très disponibles pour répondre à mes questions ou entendre mes préoccupations.
Quels conseils votre amie enceinte avec un DT1 vous a-t-elle donnés sur la gestion de votre grossesse?
Elle avait environ six ou huit mois d’avance sur moi, alors elle me signalait des choses qui pourraient se produire plus tard.
Par exemple, elle est en train d’allaiter et elle m’a dit que quelque chose qu’elle ne savait pas, c’est que votre glycémie descend en flèche lorsque vous allaitez. La glycémie basse a été un problème pour elle et il lui est très difficile de la maintenir. Elle a été en mesure de me le signaler, pour que j’aie du jus ou des biscuits dans la maison pour contrer ces moments.
C’est bien d’avoir cette expérience personnelle d’une personne du même âge que moi, dans la même situation. C’est inestimable, juste de savoir que vous n’êtes pas seule.
Qu’est-ce que d’autres personnes atteintes de diabète de type 2, qui prévoient fonder également leur propre famille, peuvent retirer de votre expérience?
Il est tout à fait possible d’avoir une grossesse sans complication en tant que diabétique. Faites ce qui selon vous est le mieux, suivez les conseils de votre équipe soignante et essayez d’ignorer tout le reste. Parce que, comme nous le savons tous, Internet est rempli de désinformation, et pas uniquement sur le diabète.
Connaissez les sites Web que vous consultez et assurez-vous qu’ils sont exacts et valables sur le plan médical. Si vous avez des préoccupations au sujet de ce que vous lisez en ligne, parlez à vos médecins. C’est ce que j’ai fait. C’est la meilleure chose que vous pouvez faire, car ils connaissent votre situation.
De plus, profitez de ce moment spécial. Lorsque nous allons à l’échographie, je sais que beaucoup de gens sont très émotifs à l’idée de voir leur bébé, mais cela m’a rendue beaucoup plus féministe, étrangement, car c’est incroyable ce que nos corps peuvent faire. J’étais assise dans mon lit et j’ai pu le voir bouger assez énergiquement à l’intérieur. J’ai regardé mon mari et je lui ai dit : « J’ai créé cela à partir de rien. » Je me sens incroyablement chanceuse, et cela sans compter l’amour que j’ai déjà pour mon enfant.
Le fait d’avoir une communauté de femmes atteintes de diabète de type 2 qui comprennent les hauts et les bas de la grossesse est inestimable. Joignez-vous à notre application Beyond Type 2 pour obtenir du soutien supplémentaire!