Les préjugés contre l’insuline au sein de la communauté des personnes touchées par le diabète de type 2


 2023-08-24

« Si je commence à prendre de l’insuline, ça veut dire que je n’ai pas réussi à prendre en charge mon diabète. » 

Combien de fois avez-vous entendu cela au sein de la communauté des personnes touchées par le diabète de type 2? Combien de fois avez-vous entendu un professionnel de la santé ou un proche exprimer une opinion similaire? Combien de fois l’avez-vous dit ou pensé vous-même?

Malheureusement, beaucoup de gens croient que si l’on a besoin d’insuline pour contrôler le diabète de type 2, c’est que l’on ne fait pas ce qu’il faut pour le prendre en charge. Ce qui est tout simplement faux. Le diabète de type 2 est une maladie chronique évolutive. Cela signifie qu’avec le temps, on peut avoir besoin de médicaments, y compris d’insuline, pour la prendre en charge efficacement et maintenir une bonne qualité de vie. Bien que ce ne soit jamais la faute du patient s’il a besoin d’insuline, son utilisation est encore mal vue au sein de la communauté des personnes touchées par le diabète de type 2.

Pourquoi l’insuline est-elle mal vue au sein de la communauté des personnes touchées par le diabète de type 2?

« Si vous ne suivez pas mes instructions et ne maîtrisez pas votre glycémie, vous devrez prendre de l’insuline. » 

Au sein de la communauté des personnes touchées par le diabète de type 2, beaucoup ont entendu leur professionnel de la santé prononcer cette phrase, ou une semblable. C’est une tactique qui peut être utilisée pour faire peur aux patients et les convaincre de modifier leur mode de vie pour atteindre leurs cibles de glycémie ou d’autres objectifs en matière de santé.

Cependant, l’autogestion du diabète repose sur un ensemble de facteurs qui vont au-delà de l’exercice physique et de l’alimentation. La prise en charge du diabète dépend de la gestion du stress, des obstacles socioéconomiques, y compris l’accès aux aliments et aux soins de santé, des normes et traditions culturelles, et même de la discrimination. Tous ces facteurs peuvent avoir un impact sur l’autogestion optimale du diabète. De plus, comme nous l’avons mentionné plus tôt, le diabète de type 2 est une maladie évolutive qui peut éventuellement nécessiter de recourir à l’insuline.

Malgré cela, les patients sont réticents à commencer une insulinothérapie et certains professionnels de la santé en ont également une perception négative (lien en anglais seulement). Lors d’une étude, les personnes diabétiques qui prenaient de l’insuline étaient plus susceptibles de se sentir stigmatisées (lien en anglais seulement) que celles qui n’en prenaient pas. Ce sentiment peut s’expliquer ainsi :

  • La culpabilisation, c’est-à-dire que les patients ont l’impression que le fait de commencer une insulinothérapie implique qu’ils n’ont pas réussi à prendre en charge leur diabète. Certains professionnels de la santé peuvent croire que s’ils font commencer une insulinothérapie à leurs patients, c’est qu’ils n’ont pas réussi à prendre en charge le diabète au moyen d’un médicament par voie orale et qu’ils doivent maintenant ajouter un traitement potentiellement contraignant.
  • Le fait de prendre de l’insuline signifie qu’ils en sont au dernier recours pour prendre soin d’eux-mêmes efficacement.
  • La croyance que la prise d’insuline est synonyme de vivre moins librement.
  • La peur de l’hypoglycémie.

Pourquoi est-ce important de parler des préjugés associés au diabète de type 2?

Les préjugés associés au diabète de type 2 peuvent avoir un impact considérable sur l’autogestion de la maladie (lien en anglais seulement). Plutôt que de considérer le diabète comme faisant partie intégrante de la vie d’une personne, le préjugé veut que le diabète de type 2 soit un défaut ou une incapacité de la personne à prendre soin de sa santé. Lorsque cette perception est intériorisée, il peut être difficile pour les personnes atteintes du diabète de type 2 de prendre en charge leur maladie et de parler ouvertement de leur histoire et de leur expérience. Ces préjugés sont également à l’origine de sentiments :

  • de honte, de culpabilité ou d’être un fardeau pour le système de santé ou la famille;
  • d’exclusion des normes culturelles ou sociales (p. ex., avoir l’impression de ne pas pouvoir participer aux mêmes traditions culinaires ou festives que les personnes non diabétiques);
  • de discrimination ou d’être ridiculisé en raison du diabète, notamment des blagues sur le diabète;
  • de devoir « cacher » les soins diabétiques, y compris l’obligation de s’injecter de l’insuline, de tester sa glycémie ou de prendre ses autres médicaments en cachette.
  • d’être tenu pour responsable de son diabète (p. ex., lorsque les gens font des remarques sur la consommation excessive de glucides et de sucre d’une personne, passent des commentaires négatifs sur son poids ou la traitent de « paresseuse »);
  • d’être comparé avec les personnes atteintes du diabète de type 1 (p. ex., lorsque les gens demandent s’il s’agit du « mauvais » diabète ou si le diabète de type 1 est celui « que vous n’avez pas causé vous-même », insinuant ainsi que les personnes atteintes du diabète de type 2 sont responsables de leur maladie);
  • de certitude que le diabète de type 2 entraînera automatiquement des complications, y compris l’amputation ou la cécité.

Il est essentiel de corriger ces perceptions à l’égard du diabète de type 2 dans les établissements de soins de santé et à l’extérieur de ceux-ci afin d’atténuer la détresse psychologique et les obstacles à l’autogestion, surtout au moment d’évoquer les difficultés associées à la prise en charge de la maladie.

Changer la façon dont l’insuline est perçue dans la prise en charge du diabète de type 2 

Les personnes atteintes de diabète de type 2 constituent la majorité des cas de diabète. Environ 11 % des adultes canadiens âgés de 20 ans et plus sont atteints de diabète diagnostiqué, et 90 % des Canadiens atteints de diabète ont le diabète de type 2. À l’échelle mondiale, 463 millions d’adultes sont diabétiques. Il est donc probable que vous soyez en contact avec une personne touchée par le diabète. Que vous fassiez partie de la communauté des personnes touchées par le diabète, plus particulièrement de la communauté en ligne, que vous soyez un professionnel de la santé ou un proche, ou que vous n’ayez même pas de lien direct avec le diabète, nous avons tous un rôle à jouer pour changer la perception du diabète de type 2.

Pour changer cette perception, vous pouvez :

  • Vous renseigner sur le diabète de type 2 et sur la façon dont les personnes qui en sont atteintes peuvent vivre en santé et avoir une bonne qualité de vie. Apprenez-en plus sur les bienfaits de l’insulinothérapie pour la prise en charge du diabète de type 2 (lien en anglais seulement). 
  • Éviter de faire des blagues sur le diabète de type 2 et rappeler gentiment à l’ordre les gens qui en font dans les espaces en ligne et hors ligne.
  • Discuter ouvertement de la prise en charge du diabète de type 2, en particulier au moyen de l’insuline. Lisez les récits de membres de la communauté Beyond Type 2 qui parlent de se débarrasser de la honte d’utiliser de l’insuline et de se faire confiance avec l’insuline (liens en anglais seulement).
  • Éviter de poser la question « Peux-tu manger ça? » aux personnes atteintes du diabète de type 2. 
  • Garder à l’esprit chaque personne atteinte du diabète de type 2 a un parcours unique. Par exemple, si vous parvenez à arrêter de prendre de l’insuline, rappelez-vous que d’autres pourraient toujours en avoir besoin et qu’il n’y a pas de mal à cela. Parmi les personnes atteintes du diabète de type 2 qui ont besoin d’insuline, beaucoup ont réussi à prendre en charge leur maladie.
  • Arrêter de menacer les patients en leur disant qu’ils devront prendre de l’insuline s’ils « ne font pas ce qu’il faut ». Expliquez plutôt à vos patients pourquoi l’insuline est un bon outil pour atteindre les objectifs et les cibles glycémiques et tentez de comprendre pourquoi ils y sont réticents.

Ce contenu a été produit grâce au soutien de Lilly Diabétologie, un partenaire fondateur de Beyond Type 2. 

Written By T’ara Smith, MS, Éducation nutritionnelle, Posted , Updated 09/06/23

T’ara a reçu un diagnostic de diabète de type 2 en juillet 2017 à l’âge de 25 ans. Depuis son diagnostic, elle a axé ses études universitaires et sa carrière sur la sensibilisation au diabète et sur la manière de mener une vie épanouie avec la maladie. Elle est heureuse de s’être jointe à l’équipe Beyond Type 1 pour poursuivre son travail. Deux ans plus tard, T’ara a découvert qu’elle avait reçu un diagnostic erroné de diabète de type 2 et qu’elle était en fait atteinte d’un diabète auto-immun latent de l’adulte. En dehors du travail, T’ara aime aller au cinéma, promener son chien dans des parcs, écouter BTS et cuisiner d’excellents repas sains. T’ara est titulaire d’une maîtrise en éducation nutritionnelle de l’American University.