Adopter de petits changements pour vaincre le prédiabète


 2023-08-24

Cette entrevue a été résumée et modifiée par souci de clarté.

Le prédiabète constitue une inquiétude grandissante au Canada. On estime que 5.7 millions d’adultes au Canada – soit 22.1 % de la population canadienne – sont atteints de prédiabète. S’il n’est pas soigné, le prédiabète mènera au développement d’un diabète de type 2 chez plus de la moitié des Canadiens qui en sont atteints. Le diagnostic de prédiabète constitue une occasion pour prévenir ou retarder l’évolution du diabète de type 2 par la mise en place de changements pour un mode de vie plus sain. Ces derniers sont tout à fait réalisables et de petits changements au fil du temps peuvent avoir un effet considérable sur le taux de glycémie ainsi que sur d’autres indicateurs de santé comme le taux de cholestérol et la tension artérielle. Demandez à Karen Morrow, co-animatrice de la baladodiffusion basée à Charlotte (Caroline du Nord) intitulée « The Black Guy Who Tips ». L’histoire de Karen met en lumière la façon dont une attitude positive et une ouverture d’esprit à l’égard du changement peuvent aider à vaincre le prédiabète. Karen a discuté avec Beyond Type 2 pour témoigner sur les changements qu’elle a apportés à son régime alimentaire, sur la façon dont elle s’est mise à pratiquer la course à pied et pour donner des conseils aux personnes atteintes de prédiabète.

BT2 : Salut Karen! Merci de prendre le temps de nous parler de ton prédiabète. Quand as-tu reçu ton diagnostic?

J’ai appris que j’étais atteinte de prédiabète il y a quelques années, en 2017. Quand on est jeune, on entend toujours parler du diabète ou du sucre. Et aussi de personnes qui perdent des membres, mais on ne prend jamais ça très au sérieux. Mais en vieillissant, notre métabolisme ralentit. Je viens d’avoir 41 ans et j’ai remarqué que mon métabolisme commençait à ralentir il y a 2 ou 3 ans. Je suis allée voir le médecin. Elle m’a annoncé que mes taux de glycémie et de cholestérol ainsi que ma tension artérielle étaient élevés et que j’étais atteinte de prédiabète. Je ne savais vraiment pas quoi faire de ce diagnostic. Je ne savais vraiment pas ce qu’il signifiait.

Je pensais qu’une fois un diagnostic de prédiabète établi, celui de diabète allait probablement suivre. Je ne savais pas que je pourrais apporter des changements à mon mode de vie pour prendre la situation en main. L’annonce du diagnostic a été pour moi un choc. Parce que j’avais toujours pensé que ça ne pouvait arriver qu’aux autres. On ne pense jamais que ça pourrait nous arriver à nous.

As-tu des antécédents familiaux de diabète?

Dans ma famille, il y a beaucoup de cancers : cancer du sein, cancer du côlon et cancer de la prostate. Mais j’ai une tante qui est atteinte de prédiabète. Elle a reçu son diagnostic à un âge beaucoup plus avancé que moi.

Quelles recommandations ton médecin t’a-t-elle faites pour t’aider?

Elle m’a recommandé d’être active et de bien manger. Cela faisait un certain temps qu’elle me le disait, mais j’ai ignoré ces recommandations, car j’étais dans le déni. Cependant, la santé est importante et on n’a qu’une seule vie. Aussi, en tant que femme, et plus particulièrement en tant que femme noire, on fait souvent passer tout le monde avant soi. On se soucie de la santé des autres, mais on ne pense jamais vraiment à la sienne. Le fait d’apprendre que j’étais atteinte de prédiabète m’a semblé abstrait, car il ne s’agissait pas d’un problème réel, jusqu’à ce que j’effectue une recherche sur Google pour en savoir plus à ce sujet. J’ai commencé à découvrir à quel point le prédiabète affecte le corps et à quel point il augmente les risques de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux. À ce moment-là, je me suis dit : « Je suis trop jeune pour vivre des situations comme celle-ci. ». De plus, j’étais en surpoids à 170 lb (environ 77 kg), surtout pour ma taille de 5,2 pi (environ 1,60 m). Il s’agit d’un des principaux facteurs ayant contribué à mon diagnostic de prédiabète.

Quels changements as-tu commencé à apporter à ton mode de vie pour améliorer ta santé? 

Je le dis à tout le monde : j’adore manger et je vis dans le Sud (en Caroline du Nord). Les personnes qui me suivent sur les médias sociaux savent que j’adorais manger à l’extérieur avant la pandémie. Si c’est frit, je suis de la partie. C’est une habitude que j’ai dû changer. Ce qui était ironique pour moi, c’est que j’ai longtemps voulu un appareil dentaire. Lorsque j’étais enfant, ma mère n’avait pas les moyens de me le payer et Medicaid ne le prenait pas en charge, à moins que ma dentition ne nuise à mon élocution. Lorsque j’ai finalement eu les moyens de me le payer, j’ai commencé à manger moins et à perdre naturellement du poids à cause de l’appareil dentaire. En plus, je ne supportais pas d’avoir de la nourriture coincée dans mon appareil. J’ai commencé à manger des aliments plus légers comme des flocons d’avoine pour le petit-déjeuner et du raisin pour les collations.

Lorsque mon mari et moi allions manger à l’extérieur, je remarquais à quel point les quantités étaient énormes. J’ai commencé à diviser mon assiette par deux et à demander à emporter l’autre moitié. Quand j’étais enfant, on me disait toujours de finir mon assiette, c’était donc une nouveauté pour moi. À l’époque, j’aurais eu l’impression de gaspiller de la nourriture si je ne mangeais pas tout ce qu’il y avait dans mon assiette.

J’ai également commencé à remarquer les signes qui indiquaient que mon corps était rassasié. Une fois arrivée à satiété, j’ai commencé à utiliser des trucs comme de mettre mes déchets ou mes ustensiles sur la nourriture, parce qu’une fois cela fait, je savais que je n’y toucherais plus. Je mettais aussi les aliments hors de ma vue; s’ils n’étaient pas sous mes yeux, je ne les consommerais pas.

Les événements actuels m’ont causé beaucoup de stress et de frustration et je ne savais comment m’en débarrasser, alors j’ai commencé à courir. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à perdre du poids. Mais ce n’était pas le seul avantage; la course à pied m’a permis de garder l’esprit libre et m’a aidée à me sentir apaisée. Je ne me suis même pas rendu compte que je perdais du poids jusqu’à ce que mes collègues me le fassent remarquer. J’ai perdu plusieurs tailles, je suis passée d’un 14–16 à un 8–10, voire un 6, selon la coupe. Finalement, j’ai perdu entre 22 et 27 kg en un an, un an et demi. Chaque fois que je voyais mon médecin, elle soulignait à quel point mes résultats d’analyses étaient excellents.

Pour les Noirs et les personnes de couleur qui peuvent avoir honte d’avoir reçu un diagnostic de prédiabète ou de diabète, ou qui ont l’impression que c’est inévitable, quel conseil leur donnerais-tu pour surmonter ces problèmes de santé au quotidien?

En tant que personne noire, on est de toute façon déjà confrontée à toutes sortes de hontes. On doit composer avec les critiques du monde extérieur. On fait avec. Parfois, en tant que femme noire, la honte vient d’être une femme. Ce sont toutes sortes de discriminations que l’on doit combattre tous les jours. Je ne voulais pas subir de la discrimination à cause de ma santé en plus.

Il peut s’avérer difficile d’apporter ces changements lorsqu’on est entourés d’aliments transformés contenant des sucres et des matières grasses artificiels, même lorsque certains d’entre eux sont considérés comme « sains ». Pour certains d’entre nous, les aliments gras et sucrés peuvent devenir une dépendance. Mais on n’est jamais seuls pour relever ces défis. Je pense que la société nous conditionne à ne pas parler de nos problèmes alimentaires, mais il y a tellement de personnes qui vivent la même chose. Il suffit d’entendre le témoignage et les encouragements d’une autre personne pour obtenir l’aide nécessaire pour changer notre vie ou notre façon de voir les choses.

Pour les personnes qui ont l’impression d’être prédisposées au prédiabète ou au diabète : ce n’est pas une fatalité. Vous pouvez faire de votre mieux pour éviter que cela ne se produise. Parfois, c’est difficile. Il faut regarder autour de nous pour nous rendre compte qu’on est important et que notre vie vaut la peine d’être vécue. Il y a des personnes qui dépendent de nous et qui ont besoin de nous vivant et en bonne santé. Ne vous laissez pas emporter par vos propres pensées. Il y a des personnes atteintes de toutes sortes de maladies qui vivent longtemps et en bonne santé. Si vous devez prendre des médicaments, prenez-les. Si vous devez vous faire des injections, faites-les. Ce n’est pas la fin du monde.

Tout réside dans les petits changements. Je vous le dis : si vous aimez le poisson frit, optez pour du poisson cuit au four. Si vous aimez le poulet frit, optez pour du poulet frit au four. Il existe plusieurs manières de faire en sorte que ces nouveaux changements fonctionnent pour vous. Il n’est pas nécessaire d’apporter des changements spectaculaires ou si radicaux que vous ne pourrez les maintenir. Par exemple, lorsque j’ai commencé à boire de l’eau chaque jour, j’ai remarqué que je n’étais plus aussi gonflée. Avant, mon annulaire était si gonflé et je souffrais tout le temps de maux de tête. En buvant plus d’eau, tout a disparu.

As-tu un dernier conseil à nous offrir? Demandez de l’aide. Mettez votre fierté de côté et cessez de penser que vous pouvez tout faire tout seul.

En parlant de demander de l’aide, comment ton conjoint t’a-t-il aidée à atteindre ton objectif de vaincre le prédiabète?

Alors, mon mari ne se soucie vraiment pas de la taille que je fais. Il me dit : « Quelle que soit ta taille, je suis heureux. » Il a toujours été comme ça. Il me dit : « Je t’aime. Toi, en tant que personne. » Et si je suis heureuse, alors il est heureux. Si je veux perdre du poids, il n’y voit aucun problème. Il m’a toujours soutenue.

Certaines personnes ont des conjoints qui portent un jugement très négatif sur leur corps. Ça n’a jamais été mon cas et j’en suis très reconnaissante. Il a remarqué que je perdais du poids et il a commencé à en perdre aussi. J’ai commencé à apporter des changements mineurs à mes habitudes alimentaires, comme modifier la composition de mes collations, choisir des aliments cuits au four plutôt que des aliments frits et manger en plus petites quantités.

L’une des meilleures décisions que nous ayons prises a été de commencer à utiliser Blue Apron et HelloFresh pour commencer à cuisiner à la maison. Au début, je faisais la majeure partie de la cuisine, mais mon mari voulait apprendre à cuisiner et a fini par aimer le faire. Ce qu’il y a de bien dans la préparation de repas maison, c’est qu’on peut maîtriser la teneur en sodium, en sel, en sucre et en matières grasses. Je pense que les services de livraison de repas que nous avons commencé à utiliser nous ont aidés à réduire la taille des portions. Comme nous ne sommes que deux, nous avons choisi la formule de repas pour deux et c’est suffisant. Même maintenant, pendant la pandémie, mon mari nous prépare encore de délicieux repas.

Merci d’avoir discuté avec nous, Karen! Peux-tu indiquer à nos auditeurs où ils peuvent te trouver, toi et ta baladodiffusion?

Bien sûr. Si vous avez des questions, mon mari et moi animons une baladodiffusion intitulée « The Black Guy Who Tips ». Vous pouvez nous trouver : sur notre site Web, sur notre page Facebook The Black Guy Who Tips sur Facebook et avec @TBGWT sur Twitter. Si vous voulez m’interpeller sur les médias sociaux, mon pseudo Twitter est @SayDatAgain.

Written By T’ara Smith, MS, Éducation nutritionnelle, Posted , Updated 09/06/23

T’ara a reçu un diagnostic de diabète de type 2 en juillet 2017 à l’âge de 25 ans. Depuis, elle a principalement étudié et travaillé dans le domaine de la sensibilisation au diabète et elle vit pleinement sa vie. Elle est heureuse d’avoir rejoint l’équipe de Beyond Type 1 pour poursuivre son travail. Deux ans plus tard, T’ara a découvert qu’elle avait reçu un diagnostic erroné de diabète de type 2 et qu’elle était en fait atteinte d’un diabète auto-immun latent de l’adulte. En dehors du travail, T’ara aime aller au cinéma, promener son chien dans des parcs, écouter BTS et cuisiner d’excellents repas sains. T’ara est titulaire d’une maîtrise en éducation nutritionnelle de l’American University.