Il n’y a pas de honte à prendre de l’insuline


 2023-08-24

Les personnes atteintes de diabète de type 2 (DT2) entendent souvent des remarques désobligeantes à leur égard. Qu’ils soient bien intentionnés ou non, les gens donnent souvent des conseils aux personnes atteintes de DT2 sur la façon de prendre en charge la maladie et les raisons pour lesquelles elles devraient éviter de prendre de l’insuline ou cesser d’en prendre si elles en prennent déjà. Encore une fois, même si la plupart de ces conseils ne causent probablement aucun tort, ils peuvent exercer une pression inutile sur les personnes atteintes de DT2 à qui ils sont destinés en les incitant à apporter des modifications à leur mode de vie sans leur apporter une garantie qu’elles seront en mesure d’éviter de prendre de l’insuline ou de cesser d’en prendre.

Par conséquent, les personnes atteintes de DT2 qui reçoivent de tels conseils peuvent ressentir un sentiment de défaite lorsqu’un professionnel de la santé les informe qu’elles devront probablement prendre de l’insuline le reste de leur vie pour prendre en charge la maladie. Ce genre de réaction n’est pas une surprise. La perception à l’égard de l’utilisation de l’insuline dans la prise en charge du diabète de type 1 et du DT2 diffère. Dans le cas du DT2, l’insuline n’est pas considérée comme un médicament d’importance vitale, mais comme un produit à prendre en cas d’incapacité à prendre en charge la maladie.

Si quelqu’un comprend cela, c’est bien Joseph Martin, un défenseur des droits des diabétiques, qui a reçu un diagnostic de DT2, en 2016, après avoir présenté une acidocétose diabétique. Nous avons discuté avec Joe de l’utilisation de l’insuline pour prendre en charge le DT2 et des préjugés qui y sont associés.

BT2 : Bonjour Joseph! Quelle était votre opinion au sujet de l’utilisation d’insuline dans la prise en charge du DT2?

Je détestais prendre de l’insuline lorsque je sortais manger. À cause des préjugés, je me sentais honteux de devoir « me piquer » devant tout le monde. Parfois, j’attendais de rentrer à la maison pour prendre ma dose d’insuline. Bien sûr, cela avait un effet sur ma glycémie, mais j’étais rongé par la honte et la peur que quelqu’un me voie m’administrer une dose. On m’a très souvent dévisagé ou fait des commentaires selon lesquels je ne devais pas faire cela en public. Toutes ces attitudes négatives ont un effet tellement néfaste sur les personnes atteintes de diabète. Mais cela ne devrait pas être le cas, car nous devons prendre de l’insuline pour survivre et maîtriser notre glycémie. Par ailleurs, il peut être difficile sur le plan physique et mental de se souvenir de prendre de l’insuline avant chaque repas. J’ai oublié à maintes reprises de prendre mon insuline et, lorsque je le fais, il m’arrive de ne pas avoir envie de me faire plusieurs injections. Cela peut devenir un fardeau.

De quelle façon vos habitudes ont-elles changé au fil du temps?

Je ne cherche pas à tout prix à atteindre la perfection. Même si je prends de l’insuline à action rapide avant chaque repas, la fréquence à laquelle j’en prends dépend du moment et de la fréquence de mes repas. En raison de ma vie et de mon travail, je prends de l’insuline deux ou trois fois par jour. Je me considère comme la variable la plus importante, car je dois m’assurer de toujours être prêt à prendre de l’insuline ou de m’adapter pour être prêt au moment où je pourrais en avoir besoin. Par exemple, je peux transporter mon insuline dans un contenant réfrigérant, mais je me fais parfois une injection avant de sortir.

Je prête attention à ce que je mange, mais je ne m’empêche pas de manger ce que je veux. Je ne suis pas anxieux à l’idée de calculer avec précision les glucides que je consomme, et j’utilise mon application Contour Meter pour effectuer un suivi de la quantité d’insuline que je prends selon les repas. Puisque j’ai eu quelques épisodes d’hypoglycémie parce que j’avais pris trop d’insuline, l’enregistrement de mes doses d’insuline et de mes repas m’a aidé à corriger la situation au fil du temps.

Qu’est-ce qui vous a incité à commencer une insulinothérapie? En quoi la communauté en ligne des personnes touchées par le DT2 vous a-t-elle aidé dans cette transition?

Je ne voulais pas en savoir plus sur cet aspect de la prise en charge du diabète parce que je détestais les aiguilles et les injections. Mon médecin m’a expliqué les bienfaits de l’insuline et a insisté sur l’importance pour moi d’en prendre. J’ai hésité longuement avant de changer d’idée à ce sujet, mais on m’a dit que, si je ne le faisais pas, je mettrais ma vie en danger inutilement. Ma réticence s’expliquait en partie par le fait que j’allais devoir prendre de l’insuline en public, mais, heureusement, que des amis diabétiques m’ont aidé à accepter cet aspect de la prise en charge du diabète. C’est grâce à eux que je parle ouvertement de mon expérience vécue. La communauté des personnes touchées par le diabète joue un rôle tellement déterminant dans des moments comme celui-ci. Cela fait près de cinq ans que j’ai commencé à prendre de l’insuline, et j’apprends encore quelque chose de nouveau.

Selon vous, quelles mesures devraient être prises pour lutter contre les préjugés à l’égard de l’utilisation de l’insuline par les personnes atteintes du DT2?

Je pense que la sensibilisation et l’information sont essentielles. Ce sujet suscite tellement de commentaires négatifs, et je pense qu’il est important de prendre conscience que nous, les diabétiques, ne devrions pas nous sentir mal à l’aise de vouloir prendre soin de nous. Ceux d’entre nous qui prennent de l’insuline pour prendre en charge le DT2 ne devraient pas avoir honte de cela. Nous ne devrions pas avoir à nous inquiéter d’être traités ou perçus différemment pour cette raison. Il est à noter que ce ne sont pas seulement les personnes non diabétiques qui entretiennent ces préjugés, il y a aussi des gens dans notre communauté qui le font. Je pense vraiment que les gens sont bien intentionnés lorsqu’ils essaient d’encourager les personnes diabétiques à maîtriser leur glycémie de façon à ne pas prendre d’insuline, mais il faut comprendre que ce ne sont pas tous les diabétiques qui peuvent opter pour cette solution et que c’est un fait acceptable. Si vous en avez besoin, vous en avez besoin. Je sais que j’ai besoin d’insuline, et je n’ai aucune honte à prendre de l’insuline pour maîtriser mon diabète.

Nous pouvons transformer ces situations difficiles ou incommodantes en leçons et en expériences enrichissantes pour nous-mêmes et pour les autres. Certaines personnes ne savent pas ce que c’est que de vivre avec le diabète, et nous savons aussi que les personnes diabétiques, particulièrement celles atteintes du DT2, vivent des expériences différentes. Nous devons prendre le temps d’informer les gens et nous assurer que nos histoires sont entendues, même celles qui ne sont pas toujours « heureuses ». Le diabète n’est pas toujours chose simple, mais il fait partie de notre expérience et de notre identité.

Façons de faire tomber les préjugés contre l’utilisation de l’insuline dans la prise en charge du DT2

L’histoire de Joseph vous a-t-elle amené à modifier votre opinion au sujet de l’utilisation de l’insuline par les personnes atteintes du DT2? Voici quelques conseils pour combattre les préjugés entourant cette question dans la communauté de personnes touchées par le DT2 :

  • Gardez à l’esprit que le DT2 est une maladie chronique évolutive dont la prise en charge nécessite parfois l’utilisation d’insuline. L’utilisation d’insuline n’est pas synonyme d’« incapacité » à prendre en charge le diabète.
  • Contestez poliment les affirmations stigmatisantes à l’encontre des personnes atteintes du DT2 qui utilisent de l’insuline.
  • Si vous êtes atteint de DT2 et que vous ne prenez plus d’insuline, prenez garde de ne pas faire d’affirmations telles que : « Si j’ai pu le faire, vous le pouvez aussi! » Gardez à l’esprit que la maîtrise du diabète peut reposer sur d’autres approches.
  • Offrez un espace sûr aux personnes atteintes de DT2 afin qu’elles puissent partager leurs expériences et être disposées à offrir du soutien et des ressources sur la façon de s’adapter à l’insulinothérapie.

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Ce contenu a été rendu possible grâce au soutien de Lilly Diabétologie, un partenaire fondateur de Beyond Type 2. 

Written By T’ara Smith, MS, Éducation nutritionnelle, Posted , Updated 09/13/23

T’ara a reçu un diagnostic de diabète de type 2 en juillet 2017, à l’âge de 25 ans. Depuis son diagnostic, elle a axé ses études universitaires et sa carrière sur la sensibilisation au diabète et sur la manière de mener une vie épanouie avec la maladie. Elle est heureuse d’avoir rejoint l’équipe Beyond Type 1 pour poursuivre son travail. Deux ans plus tard, T’ara a découvert qu’elle avait reçu un diagnostic erroné de diabète de type 2 et qu’elle était en fait atteinte d’un diabète auto-immun latent de l’adulte. En dehors du travail, T’ara aime aller au cinéma, promener son chien dans des parcs, écouter BTS et cuisiner d’excellents repas sains. T’ara est titulaire d’une maîtrise en éducation nutritionnelle de l’American University.