Laurie Hernandez : La prise en charge du diabète de type 2 est un sport d’équipe
Cette entrevue a été abrégée et modifiée par souci de clarté.
Sportive américaine médaillée d’or et d’argent aux Jeux olympiques, Laurie Hernandez sait que pour être à son meilleur niveau, il faut être entouré de personnes qui vous aideront à atteindre vos objectifs. Fille d’une personne atteinte de diabète de type 2, Laurie sait que ce principe s’applique également à la prise en charge de cette maladie chronique. Nous vous invitons à lire ci-dessous notre échange avec Laurie concernant le soutien qu’elle apporte à son père dans la prise en charge du diabète de type 2, qui montre qu’il s’agit bel et bien d’un sport d’équipe. Pour écouter l’intégralité de l’entretien, regardez la vidéo en cliquant ici.
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BT2 : Merci d’être des nôtres, Laurie! Parlez-nous de vous.
Laurie Hernandez : J’ai fait partie de l’équipe olympique de gymnastique féminine en 2016 et je m’entraîne actuellement en vue des Jeux olympiques de Tokyo de 2021. Je participe également à l’émission hebdomadaire Trulicity d’Eli Lilly and Company pour parler de mon père et de son parcours de personne atteinte de diabète de type 2.
Remarque : Depuis la réalisation de cet entretien, Laurie n’a pas pu se présenter aux Jeux olympiques d’été de 2021 à Tokyo en raison d’une blessure au genou.
De quelle manière votre père vous a-t-il inspirée sur la voie de la compétition olympique?
Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours vu mon père se piquer le doigt et prendre ses médicaments. Quand on est enfant et qu’on voit ce genre de choses, on n’en fait pas grand cas. Mais inconsciemment, j’ai commencé à comprendre qu’il s’agissait de prévention. En tant qu’athlète professionnelle, je prends soin de moi parce que je l’ai vu faire. C’est un aspect très important de mon parcours : faire des efforts de prévention, suivre des séances de physiothérapie et faire tout le nécessaire pour donner le meilleur de moi-même. Mon père a joué un rôle très important à cet égard.
Chez Beyond type 2, nous insistons souvent sur le fait que le soutien peut grandement faciliter la vie des personnes atteintes de diabète de type 2. Savez-vous comment il a vécu son diagnostic?
Il a reçu le diagnostic au milieu de la quarantaine, avant ma naissance. C’est un problème avec lequel je l’ai vu composer tout au long de mon enfance. Je me souviens qu’étant petite, je le voyais se piquer le doigt et je me demandais pourquoi. Il me disait qu’il devait vérifier sa glycémie pour s’assurer qu’il allait bien. Ma grand-mère était atteinte de diabète de type 1, elle faisait la même chose et prenait son insuline matin et soir. Ses mains sont devenues tremblantes et je l’ai aidée à faire ses piqûres d’insuline. Il y avait beaucoup de personnes concernées dans notre foyer. Ma colocataire, qui est aussi une athlète, a récemment appris qu’elle était atteinte de diabète de type 1; elle s’entraîne elle aussi en vue des Jeux olympiques.
Pourriez-vous nous parler de certaines des idées fausses dont votre père et vous avez pris conscience et que vous avez essayé de surmonter?
Je suis sûre qu’il y en a plus que j’imagine, mais la principale concerne l’alimentation et ce que l’on peut ou ne peut pas manger. Pour mon père, il s’agit de comprendre ce qui provoque des pics de glycémie et comment il peut y remédier de manière proactive. Une autre erreur très répandue est l’idée que le diabète est déclenché par une consommation excessive de sucre. La génétique joue un rôle important dans l’apparition du diabète et son diagnostic. Vous ne devez pas cesser de vivre votre vie parce que les gens ont des idées fausses sur le diabète. Il faut simplement le prendre en charge et faire des choses qui vous font du bien, mais cela ne doit pas vous empêcher de faire quoi que ce soit.
Quelles sont les choses que votre père et vous aimez le plus manger?
Quand j’étais enfant, après une séance d’entraînement difficile, la crème glacée était notre premier choix. Il adore la glace à la vanille recouverte de caramel. Je ne comprenais pas tout ce que ça signifiait pour lui de suggérer de manger des glaces, car je ne comprenais pas ses problèmes [de diabète]; il voulait simplement que je me sente bien et que je sois heureuse. Les biscuits faits maison sont très appréciés [chez nous]. Nous ne nous imposons pas de limites, mais nous veillons à prendre les précautions nécessaires pour qu’il puisse en profiter et se sentir bien.
En quoi le fait que votre père a vécu avec le diabète vous a-t-il incitée à rester en bonne santé et prête à la compétition?
Je l’ai vu prendre soin de lui, tout part de là. Si j’ai une blessure, je fais de mon mieux pour ne pas qu’elle s’éternise. Je sais que mon corps est un réceptacle qui ne demande qu’à m’aimer, à me protéger et à prendre soin de moi. La meilleure chose que je puisse faire est de prendre des mesures préventives et de savoir que mon corps me veut du bien. C’est une vraie bonté de prendre soin de son corps et c’est comme ça que j’ai commencé à voir les choses en faisant de la gymnastique. Je sais qu’il y a des mauvais jours, mais cela ne veut pas dire qu’on échoue. C’est un exercice, on apprend comment son corps fonctionne et si quelque chose ne marche pas, on peut essayer autre chose le lendemain. On fait de son mieux.
C’est un parcours de toute une vie et tout ne sera pas parfait. En tant que personne non diabétique, le plus important est de se montrer solidaire, d’aimer inconditionnellement et de ne pas être la police ou la « tour de contrôle » du diabète.
Quels conseils ou paroles d’encouragement pourriez-vous donner aux personnes qui essaient d’être de meilleurs aidants?
À mon avis, la chose la plus importante à retenir lorsqu’on parle d’une personne affectée par le diabète, c’est que ce n’est pas de vous qu’il s’agit. C’est très difficile à comprendre pour certaines personnes. Si quelqu’un a une baisse de régime et qu’il est de mauvaise humeur ou paniqué, ne lui reprochez pas son état. Ça ne l’aide pas. Ce qui est utile, c’est de demander comment on peut aider et d’en rester là.
Si quelqu’un mange du sucre, des friandises ou des aliments qu’il apprécie, qui êtes-vous pour lui dire qu’il ne peut pas le faire? Il sait quel effet cela a sur lui. Il est compréhensible de vouloir les protéger, mais cela ne veut pas dire que vous devez leur dire comment vivre leur vie. Ils le savent déjà. Je vous assure.
Il est important d’avoir un système de soutien, car l’épuisement lié au diabète existe bel et bien. Ma colocataire, qui est très minimaliste, en a fait l’expérience. Elle doit porter dans son sac à main ses stylos injecteurs et du glucagon au cas où son taux d’insuline serait trop bas et qu’elle s’évanouirait. C’est devenu stressant et accablant. En tant que soutien, la chose la plus importante que je pouvais faire à ce moment-là était de la laisser se lâcher et exprimer ses sentiments. Je n’avais pas à « arranger » quoi que ce soit. Je lui ai fait savoir que, quoi qu’elle ait besoin de faire après, je serais là. Parfois, c’est plus que suffisant.
Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager avec notre public à votre sujet et concernant le parcours de votre père face au diabète de type 2?
Pour ceux qui ont le diabète de type 1 ou de type 2, cela ne doit pas vous empêcher de faire ce que vous aimez. Il s’agit simplement de comprendre comment votre corps fonctionne et comment vous pouvez vous y adapter. Pour ceux qui ne sont pas diabétiques, mais dont un proche l’est, sachez que la vie de cette personne ne s’est pas arrêtée. Tout ce que vous avez à faire, c’est de lui témoigner de l’amour et du soutien. Sachez que le diabète ne définit pas ce qu’ils sont; ça fait partie de leur vie, voilà tout.
Bien qu’il soit question dans cet entretien de Trulicity, partenaire fondateur de Beyond Type 2, l’entretien n’a pas été réalisé dans le cadre de ce partenariat. Beyond Type 2 garde le contrôle total du contenu éditorial de ses plateformes.